La quête du mauvais film
de qualité (je vous laisse méditer sur ce concept, je relève
les copies dans 2 heures) est un sport ingrat mais sait se montrer bon envers
ceux qui persistent. Récompense au combien goûtée à
sa juste valeur lorsque notre amour des films tellement mauvais quils frisent
parfois le sublime nous amène a côtoyer - voire, horreur, visionner
une montagne d « uvres » au niveau réellement
abject.
Pour un « turkish starwars » combien de « la maison
de lexorcisme », « kickfighter » ou « the gate »
visionnés , combien de souffrances endurées et dheures
perdues Les yeux meurtris et le cerveau souillé on se promet à
chaque raté que lon ne nous y prendra plus mais fontaine Le
vice est la.
Des titres comme « ninja exterminator » ou le souvenir
ému du combat opposant un quinquagénaire bedonnant en jogging bleu
ciel a un karateka échappé des Jackson five et leur doublage faisant
passer Michel Leeb pour un modèle de retenu ( « lexécuteur
défie lempire du kung fu » : http://youtube.com/watch?v=eVd0U36UHcE
) maintiennent éveillé notre intérêt pour le coté
obscur de la force cinématographique.
lil martyrisé
est a nouveau animé de la petite lueur a laquelle on reconnaît le
chasseur de trésor. La jaquette ultime est là, quelque part, elle
nous attend pour nous en mettre plein la vue, le titre de nos rêves est
sûrement à porté de main Tous ces sacrifices seront
un jour oublié une fois atteint lobjet convoité !
Ils
sont légion les titres de rêve : « le duel a mort du sorcier
chinois » , « le vengeur du karaté », « les 6 épreuves
de la mort », « lexécuteur défie lempire
du kung-fu », « ninja terminator », « flic ou ninja »,
« la vengeance aux poings dacier » . La tentation est
partout.
Mais parfois une phrase sort du lot et sait frapper lamateur
de belles choses. « bruce lee en nouvelle guinée » Comment
résister à un faux film bruce lee se déroulant en nouvelle
guinée, également connu sous le nom de « bruce fait la java
à borneo » ?
5€, cest peu cher payé. Me
voila donc lheureux possesseur de la chose.
Vendu en France sous le
titre moins rieur de « big boss a bornéo » (chez bach film)
ou « lil du cobra » (collection ceinture noire) il perd
un peu de sa superbe mais même dans un écrin de piètre qualité
une belle pierre reste egale a elle meme. Une fois le choc du titre passé,
il reste a découvrir la substantifique moelle de cette acquisition
encore une fois se fier au DVD ne sert a rien puisque les images qui lillustrent
viennent visiblement dun drame indien des années 70.
Le résumé
laisse quant a lui rêveur : Bruce est anthropologue et veut passer ses vacances
avec un ami sur une île dominée par une secte adoratrice des serpents.
Zut encore du grand nimporte quoi Et pourtant : le résumé
est exact ! Joie, ils ont osé.
Pour ceux qui auraient des doutes
Bruce Lee ne joue bien évidemment pas dans ce film (la mort prive de certaines
activités) et notre Bruce est ici lacteur taiwanais Ho Chung Dao,
alias Bruce Li, artiste martial plus que convenable ressemblant vaguement a son
modèle.
Allez mon petit tu enfile un survet jaune (un truc
sensé rappeler le fameux costume qui est sur mon avatar si vous ne le connaissez
pas) , tu fais ton sérieux, tu fronces les sourcils et tu noublies
pas de lever la jambe bien haut ! Bruce cest a toi ! Fais nous rêver.
2
minutes de film [générique compris] et voila déjà
notre héros confronté à la cruauté de ce monde, la
vie est dure. Ambiance :
[bruce fait son jogging matinal quand débarquent
5 gredins] « - Cest bien de courir et de sautiller mais il faut
savoir autre chose. Se batte par exemple. - Si tu veux éviter de te
battre donne moi ta médaille elle me plait - tu vas la donner et vite
» PAF !
Il roustera bien sûr copieusement les malandrins
dans son magnifique survet canari. Une entrée en scène soignée
et délicatement amenée, à limage dun film mené
avec brio et finesse jusqu'à sa conclusion, son apothéose.
Combattant
émérite, Bruce est également, comme vu plus haut, un anthropologue
consciencieux qui aime pendant ses vacances joindre lutile à lagréable
(dailleurs ce film a une petite portée pédagogique puisque
notre éminent chercheur nous gratifie souvent dexplications détaillées
lorsquil découvre quelque chose).
Alors direction lîle
du serpent, petit bout de terre peuplé de femmes peu vêtues et dindigènes
habillés de papier crépon flashie adeptes de la technique du cobra.
Lile est alternativement sous le contrôle de la secte des adorateurs
de la lune ou de celle des serpents, Bruce y part étudier celle des serpents,secte
satanique adepte de la magie noire et des arts martiaux depuis quelle est
dirigée par un cruel sorcier. La finesse du scénario se précise.
Dans
un soucis de continuité tout est à lavenant de la première
scène Pour schématiser, disons que Bruce aime se balader seul
dans des endroits à découvert encadrés darbres où
buissons, cachettes idéales pour ses perfides adversaires.
Dans la
catégorie « je sors de nulle part » petit avantage a ce chasseur
de trésor sortant de la forêt pour défier lami de bruce.
Par le plus grand des hasards il passait dans le coin ( il cherche la perle noire
du serpent)et en profite pour régler un vieux compte avec un petit combat
de kung fu.
Combat que clôturera, tout en sagesse, bruce avec un fort
a propos « bon ça suffit maintenant, vous vous battez très
bien alors soyez amis ». Le générique ne donne pas le nom
du scénariste mais il nest pas loin de devenir mon nouveau dieu.
Les
chercheurs de perle semblent partager ce goût de lapparition subite
puisque ils reparaîtront plus tard totalement sortis du chapeau histoire
de fournir des ennemis a notre stakhanoviste du coup de latte
Bruce,
il faut bien lavouer, est quand bien aidé par le scénario.
Alors quil fait du camping dans la foret, une jeune fille prise en chasse
par de cruels guerriers passe par la. Coup de bol elle leur révèle
la tenue prochaine de sacrifices humains au dieu serpent. Le sang de notre héros
ne fait quun tour, il doit les sauver ! Je laisse sous silence les trahisons
et retournement de situation car ces révélations fausseraient la
perception du génie du scénariste.
Mais « big boss a
bornéo » ne saurait se réduire à un simple film darts
martiaux, cela serait occulter la dimension émotionnelle de cette uvre
avec notamment la relation unissant notre aventurier et la prêtresse ; ou
tragique (je vous laisse la suprise), parsemée déléments
relevant du fantastique le plus pur. Ajoutez a cela une touche dhumour
grace aux 2 guides locaux totalement abrutis et bien aidés par un doublage
dune finesse rare. (Ahh la scène du vol de bananes )
Certes
les combats sont forts nombreux (et pas toujours pourris ) mais « bruce
lee en nouvelle guinée » sait dépasser ce statut de film de
« bruceploitation » pour gagner sa place au soleil. Les références
au petit dragon sont la mais il diffère de la masse par son contexte exotique
et son scénario finement ciselé.
Un film a part dans le torrent
dimitations qui a déferlé dans les salles après «
le jeu de la mort ». On est loin de « fist of fury 3 » ou «
true game of death » dans lesquels a joué le même Bruce Li. Pour
les amateurs sachez quon y retrouve aussi Bolo Yeung, autre pilier du Z
darts martiaux.
Et puis bon, cest quand mme pas tous les
jours quon peut croiser dans un film un gorille qui se déplace en
faisant des saltos arrières ;)
Allez quelques dialogues pour la route
:
bruce et le chercheur de perle: -tu as voulu realiser un projet diabolique -et
je compte bien le realiser jusquau bout ! [baston] -Excellent (et
il sen retourne dans les hautes herbes) -Cet homme est vraiment pourri
le
chef des indigenes a bruce - Cest faux, vous êtes tous mauvais
et maintenant vous allez tous mourir
le meilleur ami de bruce [alors
quil sur une ile que personne ne connaît] - Cest ennuyeux
je ne peux meme pas appeler ses parents pour les prevenir
le sorcier
des demons à bruce -Tu as tué mon propre fils -Cest
vrai et tu vas le suivre !
Si vous aimez enio moriconne, vous allez
être servi puisquil a participé a la bande son (enfin
sans le savoir). Jai reconnu dautres emprunts mais je nai
pas reussi a mettre de noms dessus
les plus: le gorille, le doublage,
la "restauration" de l'oeuvre, la debilité du scenario. les
moins: bien que nombreux les combats sont d'un niveau assez faible
Si
vous avez un faible pour les bruits exagérés a chaque mouvement
d'un personnage vous ne pourrez qu'etre comblé tant ils sont presents et
souvent peu synchronisés avec l'action.
Pour plus d'infos sur
la bruceploitation ça se passe ici